ANTHONY ANCIAUX

Voyage en Wallifornie
04.02 – 12.04.2015

La Wallifornie d’Anthony Anciaux peut se prononcer avec ou sans l’accent belge. Avec l’accent, on y découvre ce mélange improbable d’auto-dérision sérieuse, de conviction décalée et de fragilité bravache qui constituent, sans que l’on n’arrive jamais à tout à fait le définir, un esprit « belge » et wallon en particulier. On peut évoquer à cet égard, en regardant les images d’Anthony Anciaux, l’héritage du surréalisme ; un petit pays artificiel, coincé entre des grands comme un carrefour qui serait, en soi, un lieu à vivre ; une identité nationale bricolée sur une certaine forme de vivre ensemble et des paysages et des histoires et des mentalités contrastés ; etc. Anthony Anciaux a étudié les sciences politiques et la sociologie, en pratiquant en parallèle, passionnément, la photographie.

Et il y a bien une curiosité sociologique dans son travail, une tendresse pour les communautés restreintes et un peu fantasques, un peu à la marge des « choses importantes », ces communautés où l’individu conserve une place irremplaçable, où le groupe ne vaut que par les personnalités chatoyantes qui le composent.
C’est là où l’accent belge s’efface, pour laisser la place à un propos qui transcende la belgitude. Un propos qui vaut avant tout par la qualité photographique des portraits d’Anthony Anciaux. A travers ces rencontres et ces regards qu’il nous offre, Anciaux démontre à quel point il est à même de connaître et de capturer, dans le même temps, la personnalité singulière qui lui fait face et ses liens avec le groupe, ses affinités avec les autres qui lui ressemblent, certes, mais sans jamais être même. Il a aussi ce talent de placer, avec finesse, ses portraits dans un contexte plus général qui, en arrière-plan de ses images, témoignent d’un environnement qui jamais, cependant, ne prend le pas sur l’être humain mais existe pourtant, comme un rappel discret et juste de l’entour. Les arrières-plan, chez Anciaux, ne sont jamais des socles pour ses portraits, ni des vecteurs d’explication. C’est le voisinage et la familiarité de ceux qu’ils photographient et il y reste fidèle, tout en optant résolument pour un point de vue (à ce sujet, ses fonds rouges uniformes derrière certains portraits des Jemappes Cheerleaders sont tout à fait perspicaces).

Une fois cela dit, la Wallifornie d’Anthony Anciaux, bien sûr, c’est aussi la présence du « rêve » américain, de son image à tout le moins, sur ce sol wallon. Si cette recherche est une sorte de fil rouge pour les séries présentées ici, elle est surtout un prétexte pour tester le portrait photographique qui, d’année en année, semble chez Anciaux, gagner en maturité pour aujourd’hui, compter parmi les jeunes talents les plus prometteurs de « chez nous »… Un autre rêve, qui ne doit plus rien à l’Amérique cette fois…

Anthony Anciaux est membre du collectif Caravane. Il a exposé au Musée de la Photographie à Charleroi (Prix photographie ouverte 2010), au Musée Ianchelievici (La Louvière), au Manège de Mons/Maubeuge et dernièrement, il a reçu le Coup de coeur de Photo Off lors de Paris Photo 2013.

vaudou.be
www.collectif-caravane.com