Communal Dream
09.09 – 15.11.2015

Pour la série « Communal Dream », Clément Huylenbroeck (1988, vit et travaille à Bruxelles) s’est immergé dans l’univers des concours provinciaux de Miss après que sa sœur ait remporté le titre de Miss Soignies Haute-Senne. Voluptueusement, il approche cette sociologie faite de rêves ternes et d’amateurisme avec un regard acéré et sans concessions.
Le travail de Clément Huylenbroeck est singulier à plus d’un titre. Diplômé du 75 à Bruxelles, il est comme l’héritier bâtard d’un Martin Parr dont il partage le goût pour l’outrance et l’humour grinçant. Il traque cependant un pas plus loin que son illustre oncle anglais, les limites de la laideur.
Là où l’anecdote et le pittoresque désopilants ou exubérants abondent chez Parr, il subsiste chez Huylenbroeck une noirceur sous-jacente qui décale l’excès vers le tragique. Dépassant allégrement les limites de la bienséance pour mieux approcher la réalité, Clément Huylenbroeck utilise son œil, qu’il a très précis et assuré, pour révéler le côté enfumé, voire nauséabond, de certains moments, de certains endroits, communs et vulgaires, c’est-à-dire (aussi) purement démocratiques, c’est-à-dire humains trop humains.
Usant de la photographie à rebours de son usage populaire courant (où il s’agit souvent de plutôt tenter d’enjoliver), il s’appuie cependant sur une très solide maîtrise du visuel pour transmettre bien plus qu’une grimace. Composition, lumières, cadrage, instant décisif, travail d’épure transforment le plus prosaïque en un véritable discours sur ces moments où la sublimation n’est plus qu’un souvenir de littérature imposée et où le banal, le plat, le médiocre, le terre-à-terre gagnent à tous les coups sur la transcendance.
Mais à travers l’objectif de Clément Huylenbroeck, bizarrement, ces moments honteux et périlleux gagnent une profondeur et une complexité dans lesquelles on aurait presque envie de se regarder…
En partenariat avec le Festival Circulations.
