DAVID WIDART

IMPULSIONS
28.11.2011 – 12.02.2012

« Je suis né le 27 décembre à Verviers, à l’hôpital derrière le rond point près de chez ma mère. L’école n’était pas très loin de l’hôpital. Je suis diplômé et qualifié en électromécanique. Je détestais l’école. Je déteste les microcosmes aussi, je préfère les grands horizons. »

Son horizon, David Widart va l’élargir et le multiplier par son insatiable curiosité. De rue en rue, de ville en ville, au-delà des frontières, ou assis dans le salon d’un voisin, il photographie ses rencontres. L’endroit importe peu.

Pas friand de ce qu’il nomme les « images volées » de la Street photography, il préfère passer du temps avec chacun. Il se laisse toucher par les contextes, odeurs, décors, mais surtout par les gens qu’il croise, écoute, revoit, perd de vue, les gens de tous les jours, de partout, ou de nulle part, ceux qui n’ont l’air de rien, qu’on regarde de biais, les admirés, les oubliés. Il mélange, décloisonne des univers trop souvent figés par les conventions sociales.

Cette année, David Widart a été sollicité pour la création de l’affiche du festival de Dour, aux côtés de la graphiste Amandine Dupont et du collectif Two designers. Différentes collaborations se sont également mises en place avec des collectifs tels que Cut up (composé de deux fashion designers et d’une make up artist) et Laid back project (radio bruxelloise), qui lui permettent d’explorer et d’exposer d’autres facettes de son travail.

Les photographies présentées dans la galerie Satellite sont issues d’une série réalisée lors du carnaval de Notting Hill. Cette manifestation créée en 1965 trouve ses origines dans les divisions dont les différentes ethnies font l’objet à Londres. Rhaune Laslett, alors assistante sociale dans le quartier londonien, est l’initiatrice de ce projet fédérateur. David Widart se rend dans la capitale depuis huit ans et assimile ce voyage annuel à un pèlerinage. Durant les festivités, il photographie des passants-participants et des Sound Systems fixes, blocs de son imposants, disposés à même le sol et diffusant de la musique amplifiée. Pour lui, « le fait qu’ils soient posés dans les rues ajoute de l’impact. Il y a un côté improbable et majestueux, on dirait des sculptures. Le plus important est ce qu’ils représentent. On se rend compte qu’ils ont une place importante dans l’histoire de la Jamaïque. Ces blocs de son sont arrivés à Londres en même temps que le premier flux d’immigration provenant des Caraïbes. Ils ont continué à propager les vibrations provenant du pays. »

Par ces photographies, c’est le portrait d’une population migrante que David Widart dresse. La succession des sound systems, capturés frontalement et en couleurs, rehausse la spécificité de chaque « sculpture » sonore, à l’image du public métissé qui partagera ses décibels et dont le portrait est réalisé en noir et blanc. Posant dans la rue, une famille se réunit devant la façade d’une maison chic ; une jeune à la coupe afro côtoie une échoppe antillaise ; une bande d’adolescentes, bouteilles d’alcool en main, semble défier l’appareil de prise de vue ; un homme, comme courbé par le poids des produits qu’il propose, tient ses sifflets en évidence ; un autre, en gros plan, affiche sa dent en or, tandis qu’un dernier, écouteurs posés sur les épaules, brandit un sourire hésitant. Les sujets photographiés s’interrompent, le temps d’un arrêt sur image, dans ce flux musical et humain ininterrompu. Armé de son appareil photo, David Widart a pris le temps de s’arrêter et les tirages découlant de ces rencontres sont distribués aux personnes lors de l’édition carnavalesque suivante, lorsque le photographe croise à nouveau ces visages familiers.

A noter qu’un blog, né dans le souci d’offrir quelque chose de plus personnel, existe depuis six mois. Aujourd’hui, l’artiste photographie de plus en plus son entourage proche, en accompagnant ses portraits de textes courts propres à la magie du quotidien. Son blog, en activité depuis six mois, recueille quotidiennement ses nouvelles réalisations. Un aperçu de celui-ci est également proposé dans le cadre de cette exposition.

www.davidwidart.be