JESSICA HILLTOUT

AMEN – Grassroots football
12.09 – 18.11.2012

Voir, c’est toucher du regard.

La biographie de Jessica Hilltout s’écarte des modèles convenus. Elle raconte : « Ma vie a débuté en Belgique. Grâce à mes parents nomades, mon univers fut un mélange magnifique d’Est, d’Ouest, de Nord et de Sud. Peut-être que tout ce que j’ai pu voir d’extraordinaire durant mon enfance m’a décidée à étudier la photographie. L’Art College de Blackpool, en Angleterre, a été un moment d’immersion totale dans le vaste monde de l’image. J’ai appris, non seulement à voir avec mes yeux, mais à sentir les choses avec eux et à développer mon style propre. »

Après ses études, en 1999, Jessica travaille dans la publicité, gagne un peu d’argent mais… quelque chose fait défaut. En 2002, elle prend alors la décision de partir avec un ami. Le projet s’appelle Aller au bout du monde : Bruxelles – Mongolie – Afrique du Sud – Bruxelles. Elle raconte :  » On est parti dans une vielle Toyota, 23 pays, 80.000km, 15 mois, 25 pneus crevés, et de belles rencontres. J’ai mené une vie simple. C’était un moment d’errance. Prendre le temps d’observer, d’attendre, de sentir, d’apprécier. Combattre ses peurs. Essayer de se plonger dans le dénuement qui laisse éclore la beauté partout où mes yeux se posaient. La beauté du temps et des valeurs. J’ai pris des photos quand je le sentais, des lieux, des visages… ne sachant pas trop vers où mon travail se dirigeait.  Rétrospectivement, c’était le début d’un certaine façon de voir le monde. Apprécier les choses simples.  Une glorification de l’ordinaire. »

A partir de là, comme elle le dit elle-même, sa vie et la photographie sont devenus indissociables. Mue par un profond désir de connaître et de se connaître, Jessica Hilltout va traverser pendant les dix années suivantes d’importants moments de passage qui la mèneront au projet AMEN.
En 2003, sa mère est malade du cancer et Jessica Hilltout filme en Super 8 ce chemin de vie, cet épisode poignant…

En 2008, elle repart à Madagascar pour six mois. La série s’appelle L’imperfection. Elle raconte : « Mon Hasselblad 80mm, 100 films, mon cahier et d’autres petits essentiels…. Seule pour la première fois. Parler de la Beauté de l’Imperfection, deux termes en apparence contradictoires. Partager les étranges paradoxes de la vie : Little things are big things.  Less is more.  Imperfection is beautiful. Things no one looks at made beautiful. J’ai voulu figer dans le temps ce qu’il reste lorsque nous nous concentrons sur l’essentiel : l’âme des choses et à travers elle, celle de l’humain en général. »

Enfin, en 2009, c’est le départ pour l’Afrique et le début du projet AMEN, à travers le Mozambique, la République du Malawi, l’Afrique du Sud, le Ghana, le Togo, le Burkina et la Côte d’Ivoire. Elle raconte : « Afrique de l’Est en VW Coccinelle, 15.000km, 120 films,  3000 photos. Afrique de l’Ouest en Nissan Vanette, 5000km, 160 films, 4000 photos. AMEN est le fruit de nombreuses années de découverte du monde et de moi-même. Apprivoiser l’Afrique, voir et sentir ce qui la fait palpiter au-delà des premières impressions physiques.   L’Afrique est peut-être pauvre mais elle est loin d’être misérable. Elle a une richesse qui n’est pas mesurable. J’ai voulu explorer cette richesse intérieure à travers le sujet du football. Comme le dit Ian Brower, « En Afrique, le football n’est pas une religion.  Mais c’est tout ce que la religion devrait être ». Chaque village possède un terrain à l’air libre avec des buts de chaque côté et des fervents adeptes au milieu. Le foot respire le bonheur et la joie, le jour au soleil cuisant et le soir sous les pluies ruisselantes. Sur un continent où même l’essentiel n’est pas considéré comme acquis, le football est précieux. Et comme tout ce qui est vraiment précieux, il est une nécessité, comme l’eau et le pain.  Amen.

L’idée étais de montrer (pendant la Coupe du Monde 2010) ce que le monde n’allait pas voir… La passion que l’Afrique a toujours eu pour le foot. Loin de l’argent, des sponsors et des grands stades, montrer le foot comme il est joué par des millions de personnes, tous les jours, dans toutes les villes et villages du continent. Montrer le côté informel de l’économie d’une Afrique où les gens fabriquent leurs ballons, leurs buts et, plus que tout, où ils se plaisent…

A travers le sujet du foot, capturer l’essence et l’énergie du continent Africain. »

L’exposition AMEN à la Galerie Satellite a pu être réalisée grâce au soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles (Service des Arts plastiques), de l’asbl Les Grignoux et de la galerie ARTCO (D).

www.jessicahilltout.com