Dans ma tête, il fait noir
02.02 – 17.04.2022
« Dans ma tête il fait noir », est un projet de fin d’études réalisé à l’ESA Saint-Luc Liège par Théodora Colige.
Ce travail est constitué d’une série d’auto-portraits ponctués de dessins remontant jusqu’à son enfance.
Ils représentent une ombre noire qui incarne ses angoisses profondes.
Ce projet se positionne dans une quête identitaire, démarche de questionnement sur l’acceptation de son propre corps ainsi que de son mal-être. Par ce projet, elle tente de mieux se comprendre et de s’apprivoiser pour parvenir d’une certaine manière à s’aimer.
Récemment diplômée de l’ESA Saint-Luc Liège en photographie, Théodora Colige (1995) présente un projet dont le titre évoque les contes pour enfants, souvent cruels et effrayants pour mieux comprendre et exorciser les peurs et les traumatismes. Son titre pourrait aussi évoquer le témoignage d’une rescapée qui prend la parole pour partager son épreuve et les cicatrices qu’elle a laissées.
C’est un peu de cela mais aussi beaucoup d’autres choses qui occupent cette jeune artiste. Si la trame de fond est autobiographique, la maturation et les recherches menées par la photographe ont considérablement ouvert le propos qui atteint une forme d’universalité et parle à quiconque a rencontré l’anxiété, a traversé l’inquiétude ou vécu un traumatisme.
C’est là où la vertu thérapeutique de la création recouvre sur un propos plus large où les répétitions de photographies doublement exposées, qui tremblent de l’intérieur, et les dessins obsessionnels d’une ombre menaçante qui colonise le territoire mental, deviennent la traduction d’un effroi indifférencié et donc partagé. L’angoisse, parce qu’elle est un écho de l’abandon, est constitutive de notre humanité. Au-delà les images de Théodora Colige expriment aussi les faces sombres d’une société patriarcale et inégalitaire qui malmène les femmes et la vie, les réduise et parfois les dévore.
Anne-Françoise Lesuisse
